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Le marché noir des antipaludiques au Burkina Faso : Un terrain fertile pour la résistance à l'artémisinine

Le paludisme reste un fléau majeur en Afrique, et le Burkina Faso n'est pas épargné. La résistance aux antipaludiques, et notamment à l'artémisinine, menace les avancées obtenues ces dernières décennies. Une récente étude publiée dans le Malaria Journal met en lumière les dangers du marché des antipaludiques au Burkina Faso , et comment il contribue à l'émergence et à la propagation de cette résistance.

Médicament de la rue (MINUSCA)

Un marché dérégulé, un risque accru

L'étude révèle que le marché des antipaludiques au Burkina Faso est caractérisé par plusieurs facteurs inquiétants :

  • Chaînes d'approvisionnement perturbées : Des pénuries fréquentes, tant pour les médicaments génériques que pour les marques, entraînent des interruptions de traitement et incitent à des pratiques d'automédication.
  • Contrôle qualité insuffisant : La prolifération de marques d'antipaludiques rend difficile le contrôle de la qualité par les autorités compétentes. La vente de médicaments de rue, souvent contrefaits ou de qualité inférieure, aggrave le problème.
  • Prescription et utilisation inappropriées : L'accès facile aux antipaludiques sans ordonnance favorise l'automédication et le non-respect des posologies recommandées. De plus, certains professionnels de santé ne suivent pas les protocoles nationaux, prescrivant des traitements non adaptés ou sans diagnostic préalable.
  • Dépendance à un seul traitement : Le secteur public repose principalement sur une seule combinaison thérapeutique à base d'artémisinine, augmentant la pression sélective sur les parasites et accélérant l'apparition de résistances.

Les conséquences alarmantes

Ces caractéristiques du marché créent un environnement propice à l'émergence et à la propagation de la résistance à l'artémisinine. Des traitements incomplets ou inadéquats, l'utilisation de médicaments de qualité douteuse, et une pression sélective accrue sur les parasites favorisent l'adaptation de ces derniers aux médicaments.

Des recommandations urgentes pour agir

Face à cette situation préoccupante, les auteurs de l'étude formulent quatre recommandations de politique publique :

  1. Améliorer la prescription des antipaludiques : Renforcer le suivi et la formation des professionnels de santé pour garantir le respect des protocoles nationaux et l'utilisation appropriée des tests de diagnostic.

  2. Faire appliquer les lois interdisant la vente d'antipaludiques sans ordonnance : Lutter contre l'automédication en limitant l'accès aux médicaments sans prescription médicale.

  3. Restreindre la disponibilité des médicaments de rue : Intensifier les contrôles et les sanctions pour freiner le commerce illégal de médicaments.

  4. Sensibiliser la population : Informer le public sur l'importance du respect des posologies, de l'utilisation de médicaments de qualité, et des dangers de l'automédication.

Un appel à l'action

L'étude souligne l'urgence de réformer le marché des antipaludiques au Burkina Faso afin de retarder l'émergence et la propagation de la résistance à l'artémisinine. La stabilisation des systèmes de financement des médicaments est également cruciale pour garantir leur disponibilité et leur accessibilité à tous.

Il est impératif que les autorités, les professionnels de santé, et la population s'engagent ensemble pour préserver l'efficacité des traitements antipaludiques et éviter de répéter les erreurs du passé, comme l'échec de la chloroquine. La lutte contre le paludisme est un combat de longue haleine, et la vigilance reste de mise pour protéger les avancées obtenues et assurer un avenir plus sain pour les populations africaines.

Par Dr Adama GUEMBRE

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