Le Burkina Faso, un pays d'Afrique de l'Ouest, est souvent confronté à des défis de développement importants. Pourtant, une histoire de succès discrète se déroule dans le domaine de la santé publique. Grâce à des efforts ciblés et à des stratégies innovantes, le Burkina Faso a fait des progrès remarquables dans la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH. Dans cet article, nous explorons comment ce pays a réussi à réduire considérablement le taux de transmission du VIH de la mère à l'enfant et les leçons que nous pouvons en tirer.
Le défi : La transmission mère-enfant du VIH
La solution : Le programme de PTME du Burkina Faso
Depuis 2000, le Burkina Faso s'est engagé dans la lutte contre la TME par le biais de son programme de PTME. Ce programme a évolué au fil des ans, en adoptant les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et en les adaptant au contexte local. Les éléments clés de ce programme comprennent :
- Dépistage du VIH : Promotion du dépistage volontaire et du conseil (DVC) pour les femmes enceintes.
- Traitement antirétroviral (TAR) : Fournir un TAR aux mères séropositives pour réduire leur charge virale et le risque de transmission.
- Accouchement sûr : Adoption de pratiques d'accouchement sûres pour minimiser l'exposition du bébé au VIH.
- Alimentation infantile : Conseils aux mères sur les options d'alimentation infantile, y compris l'allaitement protégé (avec TAR) ou l'alimentation au lait maternisé.
- Implication des partenaires masculins : Encourager l'implication des partenaires masculins dans le processus de PTME.
Les résultats : Une réduction spectaculaire
Les efforts du Burkina Faso ont porté leurs fruits de manière spectaculaire. Une étude publiée dans "HIV/AIDS (Auckland, N.Z.)" a révélé que le taux de transmission du VIH de la mère à l'enfant est passé de 10,4 % en 2006 à un remarquable 0 % en 2015. Ce succès est attribué à :
- L'amélioration des protocoles de traitement : Passage de la monothérapie à des régimes de TAR plus efficaces.
- L'adoption de l'option B+ : Mise en place d'un traitement antirétroviral à vie pour toutes les femmes enceintes et allaitantes séropositives, quelle que soit leur numération CD4.
- La détection précoce : Amélioration du suivi des femmes et des nouveau-nés lors des consultations prénatales et post-partum, incluant le test de l'antigène viral chez les nourrissons dès l'âge de 6 semaines.
Les défis persistants : L'implication des partenaires masculins
Malgré ces progrès, des défis subsistent. L'implication des partenaires masculins dans le processus de PTME reste un domaine où des efforts supplémentaires sont nécessaires. Les études montrent que lorsque les hommes sont impliqués, les femmes sont plus susceptibles de suivre les recommandations de traitement et de soins.
Les leçons à retenir
L'expérience du Burkina Faso offre des leçons précieuses pour d'autres pays confrontés à des défis similaires :
- L'engagement politique est essentiel : Le gouvernement du Burkina Faso a fait de la PTME une priorité nationale.
- L'adaptation locale est importante : Les directives de l'OMS doivent être adaptées au contexte local.
- L'implication communautaire est cruciale : Mobiliser les communautés et les partenaires masculins est essentiel pour le succès.
- Le suivi et l'évaluation sont nécessaires : Un suivi régulier des programmes permet d'identifier les lacunes et d'adapter les stratégies.
L'histoire du Burkina Faso est une source d'inspiration. Elle montre qu'avec un engagement fort, des stratégies adaptées et une implication communautaire, il est possible de faire des progrès significatifs dans la lutte contre le VIH/SIDA et de protéger les générations futures. Le Burkina Faso est un exemple concret de la manière dont un pays peut transformer un défi majeur en une victoire silencieuse, mais significative.
Par Dr Adama GUEMBRE
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