Le paludisme est un problème de santé publique majeur dans de nombreux pays, en particulier en Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, le paludisme est très endémique, avec une transmission accrue pendant la saison des pluies. Pour lutter contre le paludisme, des médicaments antipaludiques sont utilisés. Cependant, certains médicaments (Antipaludiques : primaquine, amodiaquine et non Antipaludiques : sulfamides, nitrofurantoïne, bleu de méthylène), aliments et infections peuvent provoquer une anémie hémolytique sévère chez les personnes atteintes d’un déficit en G-6-PD, un trouble génétique courant.
Une revue systématique de la littérature, publiée dans BMC Medical Genetics, a examiné la prévalence, les variantes génétiques et les implications cliniques du déficit en G-6-PD au Burkina Faso.
Qu’est-ce que le déficit en G-6-PD ?
Le déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G-6-PD) est un trouble génétique qui touche les globules rouges. La G-6-PD est une enzyme qui aide à protéger les globules rouges contre les dommages. Lorsque les personnes atteintes d’un déficit en G-6-PD sont exposées à certains médicaments, à des aliments ou à des infections, leurs globules rouges peuvent se décomposer, ce qui provoque une anémie hémolytique.
Les résultats de l'étude
Les chercheurs ont effectué une revue systématique de la littérature pour identifier les études qui avaient examiné la prévalence du déficit en G-6-PD au Burkina Faso. Ils ont également examiné les études qui avaient identifié les variantes génétiques impliquées dans le déficit en G-6-PD dans ce pays. Les chercheurs ont analysé les données des études incluses pour déterminer la prévalence du déficit en G-6-PD et la distribution des variantes génétiques impliquées.
L’étude a révélé que la prévalence moyenne du déficit en G-6-PD était de 16,6 % chez les hommes et de 6,5 % chez les femmes. La variante génétique la plus courante impliquée dans le déficit en G-6-PD était la variante G-6-PD A- (202A/376G), qui représentait 99,8 % des cas de déficit en G-6-PD. Les chercheurs ont également identifié les variantes Santamaria et Betica Selma au Burkina Faso. Indépendamment de la méthode utilisée, le déficit enzymatique était significativement plus élevé chez les hommes (2,5–20,5 %) que chez les femmes (3,3–12,3 %).
Implications cliniques
Les résultats de cette étude ont des implications cliniques importantes pour le Burkina Faso. La forte prévalence du déficit en G-6-PD dans ce pays signifie qu’un nombre important de personnes sont à risque d’anémie hémolytique induite par les médicaments. Par conséquent, il est essentiel de dépister le déficit en G-6-PD avant d’administrer des médicaments connus pour causer une hémolyse chez les personnes atteintes de ce trouble.
Les chercheurs ont recommandé que le Burkina Faso établisse une politique nationale de dépistage systématique du déficit en G-6-PD, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Ils ont également recommandé de sensibiliser davantage le public aux risques du déficit en G-6-PD et à l’importance d’éviter les médicaments et les aliments qui peuvent causer une hémolyse.
Cette revue systématique suggère que malgré l’ubiquité de la variante 202A/376G G-6-PD A- au Burkina Faso, il faudra tenir compte des variantes Santamaria et Betica Selma, bien que leurs fréquences doivent encore être précisées dans les différentes zones du pays. Une étude nationale avec une méthode standardisée combinant génotypage et phénotypage est donc plus que nécessaire pour déterminer la prévalence et la distribution réelles des différents variants génétiques impliqués. Un dépistage systématique du déficit en G-6-PD est également nécessaire pour prévenir la survenue d’accidents hémolytiques iatrogènes.
Dans l’ensemble, cette étude met en évidence l’importance de prendre en compte la prévalence du déficit en G-6-PD lors du traitement du paludisme au Burkina Faso. En dépistant le déficit en G-6-PD et en évitant l’utilisation de médicaments qui peuvent causer une hémolyse, il est possible de réduire le risque de réactions indésirables aux médicaments chez les personnes atteintes de ce trouble.
Dr Adama GUEMBRE
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